par Hannelore Durieu et Julie Vantomme
Fin décembre 2017, le gouvernement fédéral a approuvé la réforme tant attendue de l’impôt des sociétés. Les changements apportés à partir de 2018 en matière d’impôt des sociétés visent également les grandes entreprises et les groupes multinationaux. Vous trouverez ci-dessous quelques-unes des mesures déjà en vigueur pouvant notamment avoir un impact sur votre entreprise.
Le changement de loin le plus important porte sur la réduction de l’impôt des sociétés qui passe progressivement de 33,99% à 29,58% en 2018 (y compris la contribution de crise) pour ne plus s’élever qu’à 25% en 2020. Pour certaines PME, il y a un taux réduit (ce taux sera diminué jusqu’à 20% à partir de 2020) pour la première tranche de 100.000 euros de revenus taxables.
Afin de bénéficier de ce taux réduit, les PME doivent remplir certaines conditions. L’une des exigences est qu’une rémunération minimale doit être payée à au moins un des dirigeants. En raison de la réforme, la rémunération minimale de l’administrateur a augmenté de 36.000 euros à 45.000 euros par an. Toutefois, si le résultat de la période imposable de la PME est inférieur au montant de 45.000 euros, une rémunération plus basse est suffisante. Pour des sociétés qui débutent, une exception est également prévue lors des 4 premières années après la constitution.
Il est important de remarquer que toutes les entreprises (pas seulement les PME) qui ne remplissent pas l’exigence de la rémunération minimale sont soumises à une taxe déductible de 5,1% (10% à partir de 2020) sur le déficit. Ce déficit est la différence entre la rémunération exigée et la rémunération payée à un des dirigeants.
Il y a un régime optionnel pour des sociétés liées, concernant l’application de cotisation distincte. Quand au moins la moitié des dirigeants d’entreprise de ces sociétés liées est composée des mêmes personnes, l’ensemble de toutes les rémunérations payées à l’un d’eux peut être pris en compte. Dans ce cas, la rémunération minimale sera fixée à 75.000 euros au lieu de 45.000 euros. Quand ce régime a été choisi, la cotisation distincte sera à la charge de l’entreprise avec le résultat imposable le plus élevé.
À l’instar de différents pays européens, la Belgique instaure un système rudimentaire de consolidation fiscale à partir de 2019. Ce nouveau système est principalement basé sur le modèle scandinave, dans lequel les sociétés de groupe se paient mutuellement une contribution de groupe en leur permettant ainsi de compenser réciproquement les pertes de la période imposable en cours. Pour pouvoir recourir à cette nouvelle mesure, il y a toutefois lieu de remplir plusieurs conditions :
Si les sociétés liées remplissent les conditions susmentionnées, elles peuvent conclure une convention reprenant le montant de la contribution de groupe. Cette convention ne portera que sur la période imposable en cours.
La Belgique applique depuis longtemps déjà une exit-tax en cas de transfert de siège de sociétés et de transfert d'un établissement stable belge vers l'étranger.
À partir du 1er janvier 2019, cette exit-tax s'appliquera toutefois aussi aux cessions d’actifs d’une entreprise belge vers l’un de ses établissements stables à l’étranger. En 2019, le taux de l’exit-tax se voit également réduit de 16,95% à 12,75% pour ensuite être porté à 15% à partir de 2020.
En raison de l’instauration de la législation CFC, d’ici 2019, une société belge sera taxée sur le bénéfice non distribué de sociétés étrangères provenant de montages non authentiques mis en place dans le but d’obtenir un avantage fiscal, si cette société est considérée comme une CFC. Pour être qualifiée de CFC, une société étrangère doit satisfaire à deux conditions:
Un montage est considéré comme non authentique dans la mesure où la société étrangère ne posséderait pas les actifs qui sont la source de tout ou partie de ses revenus, ni n'aurait pris les risques qui y sont associés.
La mise en œuvre des mesures ATAD entraîne également une limite de déductibilité des intérêts que paient les sociétés à maximum 30% de leur EBITDA imposable ou 3 millions d’euros à partir de 2020. Les sociétés qui font partie d'un groupe doivent prendre en compte leur EBITDA à un niveau consolidé. Les prêts conclus avant le 17 juin 2016 et les prêts contractés par des sociétés autonomes échappent toutefois au champ d’application de cette mesure.
À partir de 2020, il sera moins intéressant pour une société belge de détenir un établissement stable à l’étranger. En effet, les pertes de l’établissement stable pourront moins souvent être compensées par les bénéfices réalisés en Belgique. La société belge ne pourra déduire les pertes à l’étranger que si celles-ci sont définitives. À savoir en cas de cessation des activités effectuées à l’étranger par le biais de l’établissement stable.
Une interprétation plus économique est également donnée à la notion « agent indépendant ». Il en résulte notamment qu’une personne physique qui intervient en qualité de commissionnaire en Belgique pourra beaucoup plus rapidement créer un établissement stable.
La réforme entraîne également un impôt minimum sur le bénéfice. Cet impôt mène, dans un premier temps, à la répartition des différentes opérations de déduction pour le calcul de l’impôt des sociétés en deux « corbeilles » : une corbeille sans limitations et une corbeille avec des limitations.
La deuxième corbeille est soumise à diverses limitations de déduction. Cette nouvelle limitation n’est applicable que lorsque le bénéfice est toujours supérieur à 1 million d’euros, après la déduction de la première corbeille. Autrement dit, il y a possibilité de nuancer l’impact de cette mesure.
Les plus-values sur actions qui jadis étaient détenues à plus d’un an sont exonérées d’impôt. Si cette condition n’était pas remplie, un impôt de 25,75% était applicable. Toutefois, pour encore pouvoir bénéficier de l’exonération sur les plus-values sur actions réalisées à partir de 2018, il y a lieu de remplir plusieurs conditions supplémentaires:
En ce qui concerne les grandes entreprises, un impôt distinct de 0,412% était toujours dû lors de la réalisation de plus-values sur actions. Cette taxation supplémentaire a été supprimée, suite à la réforme de l’impôt des sociétés.
Le pourcentage est porté de 95% à 100%.
Du fait de la réforme de l’impôt des sociétés, la déduction des intérêts notionnels a également fait l’objet d’une modification. À partir de 2018, la déduction doit être calculée sur 1/5e de la différence positive entre le capital à risque à la fin de la période imposable en cours et le capital à risque des cinq périodes imposables précédentes. Il résulte de cette modification, combinée au faible taux de déduction des intérêts notionnels, que la déduction pour capital à risque n’est plus que l’ombre de ce qu’elle était autrefois.
Nous vous aidons avec plaisir à évaluer l’impact de la réforme de l’impôt des sociétés sur votre entreprise. Vous pouvez nous contacter sur contact@vdl.be.
Hannelore Durieu
Partner International Tax - Certified Tax Advisor hannelore.durieu@vdl.be
Julie Vantomme
Certified Tax Advisor julie.vantomme@vdl.be
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